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La sélection photographique qui compose cette exposition est issue de la série TRACES réalisée par Aline Fournier en Valais, en Islande, en Corse et en Belgique durant sept ans. Cette série créée après plusieurs années passées sur le marché du travail découle à la fois d’un constat sociétal et d’un cri du cœur pour Aline Fournier, qui perd ses capacités auditives à l’âge de trois ans.

Dans Traces, l’artiste relate la violence engendrée par le complexe de surpuissance de l’être humain, mettant en péril des valeurs telles que l’authenticité et la sagesse. A travers cette série, elle explore des vestiges créés et laissés par l’homme dans divers espaces naturels et sauvages : tas de ferraille, caravanes, maisons et mobilier abandonnés, déchets de toutes sortes. Tout autant d’attributs construits, produits de la surconsommation qui se retrouvent ensevelis sous une nature broussailleuse et en croissance perpétuelle. Ainsi, Aline déplore l’obstination humaine qui confond corps organique, unique et imparfait ; et machine vouée à une productivité sans faille. Elle questionne l’empreinte de l’être humain sur la nature, ce bras de fer dérisoire entre deux forces qui devraient se (ré)unir. L’artiste montre avec tendresse et humour que ce corps-à-corps imposé par l’homme entre le vivant et le construit est vain : la nature reprendra toujours ses droits. Dans ces photographies, elle nous rappelle doucement à l’ordre, à la fois avec légèreté et puissance.

C’est un jeu de contrastes qu’Aline Fournier nous propose avec son État des lieux : dans ces tirages, l’être humain est à la fois absent et présent par sa trace. Pour l’artiste, ces contrastes créent de nouveaux possibles, et nous invitent à repartir à zéro, à lâcher prise en faisant émerger des questionnements plus sincères. Fortement inspirée dans ses débuts dans les années 2000 par les travaux de photographes tels que David LaChapelle et Erwin Olaf, Aline Fournier s’applique à créer des atmosphères photographiques, avec, souvent, une lumière qu’elle qualifie de « postapocalyptique » : elle intervient lors de temps changeants, orageux.
Par ailleurs, la scénographie déployée pour cette exposition renvoie à des valeurs chères à l’artiste : matériaux issus de l’usage quotidien, simplicité, expérimentation, et détournement des codes publicitaires.

Un autre pendant de Traces est présenté dans le cadre de la triennale d’art contemporain Bex & Arts, du 14.05.2023 au 24.09.2023. Aline Fournier y montre une installation en extérieur composée de tirages en grand format, qui offre une nouvelle perspective sur cette même série, présentée de manière intimiste à l’Espace Graffenried.