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Deux photographes, deux regards, deux cantons, un même sujet. Avec Béton, Bernard Dubuis et Jean-Marc Yersin associent leurs visions, pourtant bien différentes, autour de la thématique du matériau homonyme, résonance absolue entre leurs travaux. Si Bernard Dubuis a documenté la vie dans l’arc alpin tout au long de sa carrière — ses images devenant les archives de l’évolution de notre société au tournant du millénaire —, Jean-Marc Yersin a, quant à lui, photographié les aménagements routiers et urbains témoignant de la brutalité de nos relations à notre environnement. Le premier s’intéresse à l’humain, son geste, tandis que le regard du deuxième porte sur les vestiges architecturaux construits par ce dernier.

En véritable dialogue photographique, l’exposition Béton assemble ainsi et fusionne des couples d’images créées de manière totalement indépendante, se répondant pourtant entre elles à la fois d’un point de vue formel, structurel, chromatique et iconographique. En réel duo, à l’image de deux musiciens jouant la même mélodie, Bernard Dubuis et Jean-Marc Yersin proposent ici des compositions inédites, mettant l’accent sur la beauté des formes et la vivacité de l’être humain. Les images nées de l’alliance de leurs travaux évoquent alors tant les bâtisseurs et bâtisseuses de la deuxième partie du siècle dernier, leurs prouesses, que le devenir actuel de leurs œuvres sans la moindre présence humaine. De façon lyrique, parfois abstraite, le béton devient le terrain de jeu d’un univers pourtant rigide et sérieux, tiraillé de part et d’autre entre la matière et l’espace, le construit et le vide, la volonté de dominer, de maîtriser et d’habiter, mais aussi les questionnements actuels sur le devenir de notre société. Les frontières géographiques, stylistiques et thématiques entre les travaux des deux photographes s’effacent alors, laissant place à des compositions audacieuses empreintes de poésie, de gravité, mais aussi d’humour.